Elle est passionnée de sape depuis l’enfance, chanteuse et batteuse de son groupe de country-bluegrass le Johnny Barrel Country Band et sans aucun doute la fripière la plus badass de tout Marseille ! Please, let’s us introduce you : Marion Mélo ! Une Bretonne, arrivée à Marseille il y a quelques années après un long passage à Paris, tenancière de la boutique Sépia Swing Club rue des Trois Mages. Celle qui pourrait être la femme qui parle à l’oreille des chevaux, a choisi de prêter l’oreille aux confidences des vêtements croisés sur son chemin. Collectionneuse aguerrie, elle réussit à passer le flambeau à ses clientes avec justesse et dévotion. Une sacrée meuf donc, qui, en plus de nous offrir son humour et sa passion de la fringue sur ses géniales vidéos Instagram, nous fait le privilège de répondre à notre interview « Figure de style » – hommage à celles et ceux, marseillais.e.s ou arrivé.e.s ici par envie, qui déjouent les clichés avec goût et allure !
« Figure de style », l’interview de Marion Mélo
– Si tu étais une couleur
Le bleu. Cause I was born with the blues. Paraîtrait que j’étais un bébé mélancolique. Je n’étais pas une enfant triste, mais j’ai toujours été mélancolique. Le bleu n’est pas ma couleur préférée, j’en porte très peu, mais elle symbolise aussi le Blues, qui est ce que j’aime le plus dans la musique.
– Si tu étais un accessoire
À coup sûr, une bonne paire de cow-boy boots pour botter des culs !
– Si tu étais un fashion faux-pas
Cow-boy boots + bikini ? Ou peut-être ma collection de glands ??? À moins que ce ne soit un grand palmier bien haut sur la tête avec des chouchous multicolores. C’est un chouilla vulgaire mais en vrai c’est hyper mignon.
– Si tu étais une décennie
870 en Scandinavie. Les femmes Vikings étaient considérées à l’égal de l’homme. Elles pouvaient tout aussi bien être femmes au foyer, gardiennes des traditions familiales, que initiées à la guerre ou à la poésie.
J’aime l’idée qu’elles puissent s’occuper des enfants quand elles ne tranchaient pas des têtes à coup de machette. Leur rôle au sein de la famille était très respecté et celui auprès de leur communauté aussi. J’aime aussi l’aspect magique de ces sociétés, les rituels (parfois extrêmement sanglants), la mythologie, et leur connexion et respect profond pour la Nature et les animaux. Et, d’un point de vue beaucoup plus futile, je m’imagine très bien avec des cheveux super longs coiffés avec des nattes et pleins de bijoux amulettes super magiques et une grande épée travaillée comme une œuvre d’art que je manierai bien entendu comme une déesse.
– Si tu étais un personnage de fiction
Je me permets de dévier la question en personnage historique car j’ai très envie de parler de mon héroïne et de mes origines celtes.
Il s’agit de Marion Du Faouët, elle vivait au 18ème siècle dans un village de Bretagne qui comme son nom l’indique s’appelle le Faouët. C’est grâce à elle que mes parents m’ont donné ce prénom et j’en suis extrêmement fière. J’adore raconter cette histoire un peu pompette au comptoir ! Elle est connue pour avoir été à la tête d’une bande de brigands qui sévissait dans toute la Bretagne. À son apogée, elle commandait plus de 80 hommes et montait à cheval comme personne ! Sa particularité était de voler les riches et de redistribuer aux plus pauvres. Une sorte de robin des bois breton à nichons et longue chevelure rousse ! Je l’adore !! Elle a aussi fait évader de la prison de Quimper son amant. Elle a bien entendu fini pendue sur la place publique. Hyper badass. Et c’est à ce moment là de l’histoire que l’on recommande une tournée pour boire à sa santé !
– Si tu étais un mega snobisme
Sans aucun doutes, mon fort esprit de contradiction. Je n’ai jamais voulu appartenir à un groupe ou une tendance. J’ai toujours revendiqué le choix et le plaisir d’être multiple, sans étiquette. Déjà gamine, je rendais folle ma mère car il était hors de question que je m’habille comme les autres filles de ma classe. Dès lors que quelque chose était à la mode, cela ne m’intéressait plus. C’est toujours assez valable en fait… Moi qui aimais tant porter des tiags, je les ai remisées depuis que j’en vois dans les magazines. Je sais c’est complètement con, mais c’est plus fort que moi.
Les séances shopping avec ma mère la rendaient chèvre. J’étais prise de lubies et voulais forcément le truc qui était introuvable dans tous les magasins de la ville. Ce qui la faisait halluciner c’est que 2 ou 3 ans après on en trouvait partout… Maman appelle cela “le syndrome de la salopette”. Mais mon esprit de contradiction est aussi un bon allié car il m’a toujours poussé à être curieuse et à entretenir un imaginaire bien personnel même si ça peut être un peu énervant et puéril par fois… Je m’améliore !
– Si tu étais une référence absolue
LA NATURE. Toutes les réponses sont dans la Nature. Elle est une source d’inspiration inépuisable. Elle nous enseigne tout ce que l’on doit savoir et on peut se tourner vers elle si l’on se sent perdu. Grandiose et merveilleuse. Sinon Bruce Lee et Starmania sont aussi mes grands maîtres à penser. Et Aldo Vegas que vous pouvez croiser “en harmonie” dans les rues de Montmartre.
– Un vêtement iconique
La veste en serpent de Sailor dans “Wild at Heart” et la réplique qui va avec : « This is a snakeskin jacket! And for me it’s a symbol of my individuality, and my belief… in personal freedom.” Hell yeah! Je revendique le droit de s’exprimer et de s’amuser avec le vêtement. J’ai tendance à penser la sape à la fois comme une parure et comme une armure. Au delà de ça, c’est une pièce que je rêve de chiner un jour.
– Une tenue du dimanche
Le dimanche est le jour le plus important de ma semaine. C’est le jour sacré des vide-greniers ! Je ne vous dirais pas dans quelle tenue je chine, cela fait partie intégrante de ma stratégie secrète de fripière !
– Si tu étais une mode passagère
Les tresses en fils multicolores dans les cheveux. C’est tellement “souvenir de vacances” ce truc ! Qu’est ce que j’ai pu crâner avec ça !!! Si en plus y’avait moyen d’ajouter un petit bijoux qui pendouillait, là je ne me sentais plus…. et c’est tout à fait le genre de truc que je pourrais refaire aujourd’hui.
– Si tu étais une envie tenace
C’est plus de l’ordre du fantasme car je sais que ça n’arrivera jamais, mais avoir de très longs cheveux épais que je pourrais attacher en une large natte dans le dos. C’est sans doutes lié à un traumatisme dû à Sophie Marceau dans « Fanfan » qui, en plus, avait l’audace de porter des cuissardes en cuir rouge et de se réfugier dans une maison inhabitée avec des fresques d’oiseaux peints aux murs….
– Si tu étais une longue histoire
Aucune surprise à ce niveau là. Ma plus longue histoire d’amour c’est la sape. Gamine, je passais mon temps à me déguiser. Ado, je récupérais les fringues de mes cousines et me suis très rapidement habillée en grande majorité en seconde main. J’aimais l’idée de ne pas savoir ce que j’allais trouver et j’ai toujours eu de l’affection pour les vêtements et objets qui avaient déjà vécu et qui avaient un tas d’histoires à me murmurer.
J’ai très vite accumulé des tonnes de vêtements et on disait pour rire: “bientôt tu pourras ouvrir une friperie”! Et taaaadaaaam, j’ai réussi à transformer ma névrose en gagne pain !
Même si je me suis largement améliorée, j’ai encore parfois du mal à vendre mes trouvailles. Je collectionne aussi énormément et j’ai, chez moi, une pièce entière dédiée à ma collection. J’aime dire que c’est mon “capital retraite” et que quand le jour viendra je mettrai un grand voile de dentelle noire sur mon visage et vendrai tout mes trésors en salle des ventes en agitant de manière insolente la fumée parfumée à la marie-jeanne sortant de mon porte-cigarette démesurément long….
Sépia Swing Club
38 Rue des Trois Mages, 13006 Marseille