Lytta, boutique aphrodisiaque à la Plaine

Alors qu’une jungle de boutiques de produits aphrodisiaques et de sextoys en tous genres fleurissent sur la toile, à Marseille, c’est chez Lytta que les cul-rieux se pressent pour découvrir de nouvelles manières de satisfaire leurs désirs, de moins en moins tabous. Nous avons rencontré Alicia Edelman, cette Américaine de San Francisco qui a ouvert sa boutique érotique à la Plaine il y a 3 ans.

LYTTA Marseille

Inspirée, lors de ses nombreuses pérégrinations, par la boutique précurseuse « Other Nature » à Berlin, Alicia a décidé d’ouvrir Lytta à Marseille pour répondre à un besoin simple : créer une boutique érotique dans laquelle elle oserait aller. Un lieu inclusif, qui défend des idées féministes, qui prône la tolérance, le respect d’autrui et de toutes les pratiques. C’est ainsi que cet espace intimiste et joli, dans lequel tout le monde se sent à l’aise et surtout en sécurité, a vu le jour dans un angle de la Plaine.
Ici, les produits sont choisis avec soin : éthique, au maximum écologique, et français quand cela est possible – l’objectif étant également d’avoir une gamme de prix la plus variée avec des propositions abordables pour satisfaire tous les budgets.

D’abord déconseillée par certain·e·s qui, par excès de bienveillance, ont voulu la raisonner, Alicia a reçu un très bel accueil de la part des Marseillais·e·s. Dans cette ville qui bouge sans cesse, et au sein de laquelle évoluent beaucoup d’associations dans les domaines de l’éducation sexuelle ou de la prévention, la population s’y retrouve.

Dans sa boutique, Alicia sait se faire discrète tout en restant présente pour prodiguer de bons conseils. Elle y propose aussi régulièrement des ateliers avec des expert·e·s et a récemment co-fondé l’école des joies, un collectif composé de 4 femmes : Joy – médecin, Xelo Leal Marzo – kinésithérapeute, Louise Briot – sexothérapeute et elle-même. Ensemble, elles organisent des ateliers d’éducation sexuelle pour les adultes. Anatomie du périnée, fluides des corps… On y apprend tout un tas de savoirs pour mieux se connaître, mieux ressentir, et se donner la possibilité d’être plus épanoui·e.

 

Nous avons eu l’occasion d’échanger quelques mots avec Alicia afin qu’elle nous en dise plus sur son concept :

Comment accueilles-tu les personnes qui se rendent dans ta boutique pour la première fois?
Il y a beaucoup de gens qui viennent pour la première fois dans une boutique érotique. Je commence par leur demander ce qu’iels aiment faire tout·e·s seul·e·s. Je peux en effet donner les explications sur le fonctionnement mécanique des objets, mais il m’est impossible de prédire ce qui va être susceptible de leur plaire ou pas !
Après, iels ne sont pas obligé·e·s de me verbaliser ce qu’iels aiment, iels peuvent déjà juste faire l’effort d’y réfléchir. Sinon, il y a des choses plus ou moins universelles, qui marchent très bien pour tous les types de personnes. Cela dit, je peux garantir qu’il n’y a pas de produit magique. L’idée est plutôt d’aider les gens à trouver ce qui leur correspond.
On me demande beaucoup « Qu’est-ce que tu aimes toi ? Est-ce que tu l’as essayé ? Est-ce que celui-ci marche bien ? Quel est le best-seller ?  ». Bien que je comprenne pourquoi les gens me demandent tout ça, cela n’est pas important ce qui me plaît, on est tou·te s différent·e·s. L’approche de la boutique, c’est de trouver ce qui correspond à la personne. Je préfère faire au cas par cas.

Qui passe la porte de ta boutique?
Il y a vraiment de tout ! Des personnes seules, des couples, de tous les âges. Au début, c’était moins varié. Maintenant, c’est plus éclectique et différent. Aussi, j’ai un espèce de mini network. C’est-à-dire que quand je ne sais pas quoi conseiller spécifiquement – car je ne suis pas experte en tout – je m’adresse auprès d’un cercle de connaisseurs·e·s plus spécifiques qui sont là pour m’aiguiller, afin de donner le meilleur conseil aux personnes qui viennent me poser des questions. Je me permets de leur faire tester des objets. Le monde des boutiques féministes est assez petit, on est tou·te·s là pour s’entraider.

Nous voyons que la société progresse sur de nombreux points, notamment sur le marché du sexe. Qu’est-ce que tu en penses toi?
Je ne suis pas très fan de tous les progrès que nous voyons actuellement. Je pense qu’il y a des mouvements incroyables, mais j’ai très peur des réseaux sociaux. J’y vois beaucoup de côté négatifs. Il faut voir comment ça évolue, mais je pense qu’il y a beaucoup de loups dans les créateurs de contenus.
Pour moi, Instagram est un centre commercial digital. Alors oui, il y a de très belles propositions, comme June avec Jouissance Club, qui mène un travail formidable. À côté, il y a beaucoup de monde qui va dire n’importe quoi, en ayant aucune qualification.
Ce que je vois, parfois ça me choque, et il n’y a pas de réglementation derrière. C’est bien qu’il existe des espaces complètement libertaires, mais quand tu es ado, et que tu suis un compte qui te prodigues des conseils sexo, et quand la personne est juste là pour te vendre des sextoys qui sont pourris… Ça fait réfléchir.
Moi-même j’ai une page Instagram pour la boutique, mais c’est presque inapte. Je fais exprès d’avoir quelque chose de pas très léché, ou pas parfaitement ficelé. Avec le minimum que je fais, j’ai déjà eu mon compte censuré plusieurs fois. Je trouve que plutôt que de tout censurer, il est nécessaire de réguler. Enfin, pour moi le plus important reste d’avoir un espace avec des connexions humaines. Un vrai lieu dans lequel j’interagis avec les gens.


LYTTA
1 rue Saint-Pierre – 13005 Marseille
Boutique ouverte du mardi au samedi de 14h à 19h

Le prochain événement de l’École des Joies sera le jeudi 4 mai 2023, avec la soirée de lancement de l’association. Vous y retrouverez le vernissage des photographies de Vanessa Hiblot, ainsi qu’une « scène obscène » où les participants sont invités à lire, performer, à slamer comme dans une scène ouverte. Événement à prix libre, tous les bénéfices vont au soutien de l’association.

Article rédigé par Laure Cohen pour Les Marseillaises.

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