Après nous avoir ébloui et questionné sur notre dépendance au plastique lors de la version marseillaise de la Plastic Art Fair, le collectif Polymer revient avec l’exposition PLASTICOCÈNE, qui se tiendra du 16 février au 27 mai à la Friche la Belle de Mai.
Avec : Museo Aero Solar, Thomas Mailaender, Southway Studio, Côme Di Meglio, Elvia Teotski, Coline Le Quenven, Maxime Verret, James Shaw, Marion Flament, Wendy Andreu, IGO Studio, NSDOS, Gangui Collectif, Ateliers Laissez Passer.
Photographes, designers, plasticien·ne·s, musicien·ne·s… Ce sont 14 projets artistiques qui s’emparent de la question de la pollution plastique, omniprésente dans tout le cycle de l’eau, pour imaginer cette exposition collective dont la matière première n’est autre que des déchets sauvages collectés avec l’aide d’associations implantées localement telles que MerTerre ou 1 Déchet par Jour / 1 Piece of Rubbish.
Ces 4 mois de présence dans la « Galerie de tous les Possibles » de la Friche la Belle de Mai seront jalonnés d’ateliers participatifs, de temps forts festifs, et de sessions de ramassage de plastique dans le quartier. À travers cette exposition gratuite et les nombreux événements prévus, le collectif Polymer espère inventer des futurs enviables et protéger notre précieux écosystème.
Nous avons rencontré Jan Berger et Édouard Granero, les deux-co-fondateurs de Polymer :
Comment vous est venue l’idée de fonder le collectif Polymer?
Jan : En ayant grandi dans le le Golfe de Saint-Tropez, j’ai toujours été proche de l’univers maritime. L’idée est venue en voyant les déchets plastiques s’accumuler après les périodes de mistral sur le littoral. Il y avait une telle matière brute plastique qu’il fallait en faire quelque chose. Au-delà de la collecter, il fallait alerter les publics en créant des supports pour les sensibiliser, puis mener des actions pour tenter d’endiguer ce fléau. Étant passionné par le monde de l’art contemporain, et sûrement un créatif frustré, j’ai décidé de me vouer à cette cause en mettant en place des collaborations artistiques. J’ai contacté mon très bon ami écologiste et vidéaste Edouard Granero, qui a tout de suite accepté de me prêter main forte. Nous avons créé dans un premier temps PLASTIC ART FAIR, une exposition annuelle où nous présentons les œuvres des artistes, produites pour l’occasion. Puis nous voulions aller plus loin en créant des temps forts plus récurrents, d’où la naissance de notre collectif POLYMER, qui regroupe différentes actions au travers d’une esthétique qui nous tient à cœur.
Edouard : Les premières expositions ont suscité un réel engouement, de la part de nos proches, mais pas seulement. De nombreuses personnes souhaitaient en savoir plus, ou nous donner des coups de main. On s’est dit qu’il était temps de proposer des œuvres différentes aux publics, aller vers des « temps forts » plus variés qui créeraient des synergies entre les artistes, les scientifiques, les militant·e·s ou encore les visiteur·se·s. Notre force, je crois, c’est d’essayer de penser une dynamique a l’inverse de l’individualisme et proposer des expériences collectives.
Comment effectuez-vous la sélection des artistes?
Edouard : Les artistes sont sélectionné·e·s pour leur approche de la matière ou du mouvement. Nous choisissons des profils variés, parfois ce sont les plasticien·ne·s qui nous ont contacté, parfois c’était un hasard. Pour cette édition c’est vraiment un mélange d’influences, de rencontres diverses. Il y a aussi des artistes avec qui ça ne colle pas, et la collaboration ne va pas au delà d’un coup de fil parce que nous tenons à travailler avec des personnes enthousiastes et lumineuses, concernées par le dérèglement climatique, la pollution plastique ou l’effondrement du vivant. Ça peut être aussi une approche critique des attributs de notre civilisation. On reste curieux, à l’écoute et on essaie de capter les gens aux bons moments mais globalement ça se passe très bien.
Jan : Il faut qu’il y ait avant tout un coup de cœur personnel entre nous. On découvre les artistes au travers d’expositions, de magazines, des réseaux sociaux… On regarde ensuite la technique des artistes pour mettre en avant leur pratique. C’est sur ce point que l’on se dit que ça peut être intéressant d’amener les artistes vers une nouvelle matérialité. Les artistes sont souvent très heureux·se·s de « challenger » leur style artistique en y intégrant le plastique. On assiste alors à la naissance de leur technique habituelle dans le monde plastique. C’est un vrai travail main dans la main où l’on cherche des solutions ensemble lorsqu’il y des blocages.
Comment accompagnez-vous les artistes pour aboutir à ces créations?
Edouard : La plupart du temps, on se met d’accord sur un budget avec les artistes et on leur donne carte blanche. Certain·e·s n’ont jamais travaillé avec le plastique, mais ils ont des envies, des intuitions, notre rôle va être de trouver les déchets dont ils ont besoin pour leurs créations, et surtout que la matière puisse épouser les formes qu’ils ont imaginé. Je pense notamment à Marion Flament qui travaille en général le verre fondu, et qui voulait retrouver la même transparence. On a eu l’idée de faire fondre des plastiques transparents issus de phares en passant sur la plage de l’Huveaune, aussi appelée la plage aux épluchures, qui en était jonchée.
Jan : Tout au long du processus de création nous les accompagnons du croquis, au sourcing à la production sans interférer dans leur processus créatif. Ce qui est intéressant c’est que parfois nous leur confions le types de plastique dont nous disposons, et cela déclenche leur processus créatif. Par exemple, nous avions des renseignements sur des bâches d’hivernage de yacht destinées à la poubelle. Nous avons informé les artistes de ce déchet, et à partir de cette matière les artistes ont été inspiré.
Quels sont les prochains temps forts sur lesquels nous pourrons vous croiser?
Edouard : Le prochain temps fort à ne pas rater c’est le vernissage de PLASTICOCÈNE à la Friche la Belle de Mai, le mercredi 15 février à partir de 17h00. D’ailleurs, si vous trouvez un sac plastique qui traîne sur la route en venant, amenez le car il pourra servir à la confection d’une œuvre collaborative géante: Museo Aero Solar !
Sinon, on invite le groupe Fulu Miziki pour un concert gratuit dans la cours de la Friche le 4 mars… Venez danser avec nous !
PLASTICOCÈNE – du 16 février au 27 mai 2023
Galerie de tous les possibles – Friche la Belle de Mai, 41 rue Jobin – 13003 Marseille
Exposition gratuite / Vernissage le 15.02 à partir de 17h00
Toutes les informations ici : https://www.lafriche.org/evenements/plasticocene/
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©IGO STUDIO, Large Studio et Édouard Granero
Article rédigé par Laure Cohen pour les Marseillaises