Doit-on laisser les vongole à Venise ?

Avant de vous installer devant des linguine aux coquilles bien sautées, Matthieu Mas vous donne quelques pistes pour déguster les coquillages locaux, voire même les débusquer vous-même.

Le rêve de tout citadin un peu bobo en week-end à Marseille, c’est de déguster un délicieux plateau de fruits de mer locaux assis en terrasse face à la mer. Chillin’, Living my best life… C’est Marseille BB et filtres saturés…

Instagram vs Real Life.

Réveil brutal numéro 1 : trouver le restaurant de fruits de mer face à la mer.
Réveil brutal numéro 2 : avec une terrasse panoramique.
Réveil brutal numéro 3 : trouver des crustacés issus de la pêche locale… Fin du jeu ?

Oui. Et non. Car on ne laissera pas détruire nos rêves, quitte à retrousser les manches et sortir le couteau à huître ! 2 options selon votre degré d’aventurisme.

Option 1 : acheter les bons fruits de mer et filer sur les rochers

On se trouve donc un poissonnier (promis on prépare une liste très bientôt), qui fait dans la pêche artisanale ou raisonnée, et on file pique-niquer sur les rochers.

Il faudra oublier les crevettes issues d’élevages intensifs à Madagascar ou en Équateur, les huîtres de Bretagne ou de Normandie, les oursins d’Espagne, le crabe d’Alaska, la langouste des tropiques et le homard d’Amérique du nord. Partons à la recherche des basiques méditerranéens. Bien sûr, on prend le temps de faire le deuil des oursins méditerranéens si rares cet hiver que, lorsqu’on mettait la main dessus, les prix ont failli nous coûter deux reins. On peut se rattraper avec le violet, alias la figue de mer pour les plus romantiques ou la patate de mer pour ceux qui le méprisent, dont la saison démarre en avril. Ce mollusque, dont la chair orangée constitue déjà un régal pour l’œil est très puissant en goût iodé. Ce qui ne convient pas à tout le monde, mais avec un petit filet de citron, c’est un effet shot garanti !

Les huîtres et coquillages locaux

Plus conventionnel, les huîtres de Bouzigues, venues de l’étang de Thau, du côté de l’Occitanie, se révèlent aussi puissamment salée : de la Méditerranée en concentré. Si on en trouve facilement chez les poissonniers du coin, le voyage directement chez le producteur est vivement recommandé. À 2h de Marseille, vous pouvez réserver votre « matinée immersion » et obtenir votre diplôme « Ostreiculteur d’une matinée » assorti de deux douzaines d’huîtres.

Huîtres de Bouzigues

Plus proches, mais plus rares, les huîtres et moules de Tamaris, issues de la rade de Toulon. On peut aussi découvrir les murex dans le même coin, des petits bulots biscornus et au goût plus raffiné. On rêverait de pouvoir se bâfrer de crevettes de Méditerranée ! Il y en a… très peu et de moins en moins avec le réchauffement climatique. On a beau être optimiste, le constat est sans appel, il suffit de prendre un masque et un tuba pour voir qu’il n’y a plus grand chose à voir sur nos côtes.

Huîtrière de Tamaris

Option 2: récolter coques et palourdes soi-même

Quitte à partir nous-mêmes à la pêche pour débusquer coquillages et crustacés, il faut s’éloigner de la ville et rejoindre un étang. « L’étang de Berre ? me criez-vous au visage les yeux exorbités. Ce pédiluve huileux coincé sous le chemin du trafic aérien de Marignane ? » Vieille rengaine caricaturale.

Conscients des dégâts causés par les rejets industriels et la pollution, les riverains, les associations et les collectivités territoriales autour de l’étang de Berre se sont mobilisés. Il aura fallu attendre les années 1990 pour que soit formalisé le groupement d’intérêt public pour la réhabilitation de l’étang de Berre (GIBREB). En 2022, l’eau n’a jamais été aussi transparente et saline juste comme il faut. On s’y baigne et on y pêche des coques et des palourdes notamment. Vous savez, ce que nos voisins italiens appellent les vongole et qu’ils nous font revenir dans de l’ail, du persil et de l’huile d’olive avant de mélanger à des linguine ou des spaghettis (salive dégoulinant aux commissures des lèvres).

La récolte professionnelle et de loisir de ces coquillages fouisseurs est autorisée du 1er mars au 31 décembre sur le littoral de l’étang de Berre.

Petit mode d’emploi : la récolte de loisir de ces coquillages n’est autorisée qu’à pied et à l’aide uniquement d’un couteau ou d’une fourchette d’une longueur maximum de 20 cm (manche compris). L’utilisation de palmes est interdite. Durant cette période d’ouverture, la pêche de loisir est autorisée les mercredis, samedis, dimanches et jours fériés du lever au coucher du soleil.

palourdes etang de Berre
Pêche à la palourde

Et si vous rentrez bredouille, vous prendrez un petit pastis du coin (en toute modération, cela va de soi) dans un bar d’Istres ou de Berre-l’Etang pour vous consoler de votre filet vide et de vos coups de soleil.

Sources
Pêcher intelligent, pêcher durablement : les infos sur la pêche aux palourdes de l’étang de Berre.
Pêche à pied, pêche à la palourde

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