Qui n’a pas croisé sur un dancefloor la sulfureuse Alabama ? Party girl cachée derrière un couvre-chef et belle blonde à la plume délicate qui écrit depuis des années sur les relations sexuelles et amoureuses dans son blog “Duel au soleil”. Elle nous confie la publication de sa nouvelle chronique : Dans la peau d’Alabama, l’autofiction d’une Marseillaise dont l’épisode : Marseille, Soleils Noirs fait partie.
Marseille, Soleils Noirs
Je sors la tête de mon téléphone, et je regarde les gens autour de moi, beaucoup de jeunes, il est 7h45 c’est un trajet populaire, je pense aux peintures de Benjamin Chasselon, ce mélange, cette mixité, cette fureur de vivre. De longues chevelures, des yeux noirs parfois verts translucides sur une peau légèrement hâlée.
Je prends le métro depuis quelques jours, une habitude que je n’avais plus depuis la fac.
Ce matin, je reçois mes alertes comme d’habitude, quelques morts assez loin pour ne pas vraiment sourciller, une mère de famille infanticide et suicidaire déjà je commence à blémir, un ado poignardé, un incendie, la matinée commence mal dans ce putain de monde. Les drames sont ici mais aussi ailleurs.
Je sors la tête de mon téléphone, et je regarde les gens autour de moi, beaucoup de jeunes, il est 7h45 c’est un trajet populaire, je pense aux peintures de Benjamin Chasselon, ce mélange, cette mixité, cette fureur de vivre. De longues chevelures, des yeux noirs parfois verts translucides sur une peau légèrement hâlée, des corps fins et musclés que l’on devine sous leurs jeans moulants, ils sont pour la plupart remarquables, 20 ans et la beauté du diable comme on dit ici, ils rient, se chamaillent. Un peu plus loin, d’autres un peu plus âgés, plus clairs de peau écouteurs sur les oreilles, les sacs à dos Chabrand, Eastpak collés aux Vanessa Bruno et quelques Dreyfuss. C’est ma ville, c’est notre jeunesse, flamboyante de bon matin, mélangée, métissée, vive et enjouée. Je me sens bien, ni en danger, ni en sécurité, je suis habituée à la ville au milieu de la nuit de l’Opéra aux rooftops, que ce soit rue Paradis ou dans une cité, je sais que ça peut déraper, je connais ses qualités et ses faiblesses, alors quand je regarde la première page de Libé, je souris, je ne suis pas surprise. Notre ville a un cancer et son seul espoir c’est ce sang frais, les enfants de nos 111 quartiers de Belsunce, Montredon… Périer à Mourepiane.
Il y a de l’espoir dans notre jeunesse, comme un bébé qui n’est pas né au bon endroit où avec un handicap, elle est forte, elle compense, elle surmonte. Ce mélange doit nous hisser vers le haut.
C’est notre jeunesse solaire.
Nos soleils noirs.
Alabama Duel
Crédit photos : Benjamin Chasselon
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