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Manolo sur la scène du Grand Théâtre de Provence

Entre poésie et utopie, rencontre avec Manolo du Théâtre du Centaure

À l’occasion de son nouveau spectacle « Animal », nous avons rencontré Manolo, le fondateur du Théâtre du Centaure. Il nous a ouvert les portes des coulisses du Grand Théâtre de Provence à Aix où nous avons pu assister à l’arrivée et à l’acclimatation des chevaux sur scène, et à la préparation de son équipe la veille de la première représentation. Un moment de poésie et de grâce qui ferait presque oublier l’évidence d’une grande rigueur.

Quand on lui demandait enfant ce qu’il voulait faire plus tard, Manolo répondait « être un Centaure ». Mais aussi utopique que pouvait paraître cette réponse, elle n’en est pas moins devenue la consécration de toute sa vie : se rapprocher au plus près de cette créature mythique pour que l’homme ne fasse qu’un avec le cheval. Symbole de puissance, de beauté, de grâce, mais surtout synonyme de la symbiose entre l’Homme et le vivant, les humains et les non-humains.

Aujourd’hui, le Théâtre du centaure présente « Animal » au Grand Théâtre de Provence. Un spectacle qui a permis à Manolo d’assouvir le désir fou de danser avec sa moitié animale grâce à la collaboration de la chorégraphe japonaise Kaori Ito. Une façon aussi de mettre l’accent sur toute la dimension du soin que l’Homme doit apporter au monde des non-humains. Avec le parti-pris d’évoluer dans un décor dépouillé, un plateau nu où les coulisses sont ouvertes, ce spectacle montre ce qu’habituellement les spectateurs ne voient pas.

Rencontre avec Manolo, fondateur du Théâtre du Centaure :

Manolo au Grand Théâter de Provence, la veille de la première représentation du spectacle "Animal" ©Les Marseillaises
Manolo au Grand Théâter de Provence, la veille de la première représentation du spectacle « Animal » ©Les Marseillaises

Vous êtes à Marseille depuis 1995, quel est votre rapport à la ville ?
C’est un rapport très fort. Ce n’est pas un hasard si les Centaures habitent à Marseille. C’est une ville où des choses aussi poétiques, aussi folles, aussi impossibles, aussi utopiques que des Centaures peuvent exister je pense. Parce que c’est une ville monde ouverte sur la Méditerranée. C’est une ville un peu folle aussi.  Et puis on n’est pas n’importe où à Marseille, on est implantés dans un quartier considéré comme une zone urbaine sensible à proximité de la prison des Baumettes, et en même temps, aux portes du parc national des Calanques, l’un des plus beaux espaces naturels protégés d’Europe. Donc on est, de fait, un espèce de trait-d’union entre ville et nature, comme le Centaure est un trait d’union entre l’Homme et l’animal. Tous les ans, nous avons un projet pédagogique avec les écoles les plus proches du Théâtre du Centaure. On demande aux enfants de raconter leurs rêves par écrit dans des livres que l’on réunit ensuite dans une biblio-calèche. On a promis de garder ces livres suffisamment longtemps pour qu’une fois adultes les enfants puissent consulter leurs rêves.

Quelle est la particularité de cette nouvelle création « Animal » ?
Cette création est une collaboration avec Kaori Ito – une grand chorégraphe d’origine japonaise. Le projet était vraiment d’aller au-delà des mots, d’exprimer ce qu’est pour nous un Centaure. C’est une relation au vivant. Et cette relation passe d’abord par des caresses, un enlacement, un corps à corps, par quelque chose qui est plus de l’ordre de la danse que du théâtre. J’ai eu ce désir fou de me mettre à danser. De ne plus vouloir faire l’acteur, mais de vouloir danser avec mes moitiés animales – mes chevaux. Kaori m’a guidé dans ce travail-là avec quatre chevaux considérés comme des personnalités singulières.

TransHumance, cet incroyable événement qui a marqué les Marseillais·e·s, a bientôt 10 ans. Ça évoque quoi aujourd’hui pour vous ?
TransHumance c’était l’invention d’un mot qui n’existe pas avec un -H majuscule au milieu du mot, pour dire « au delà de l’humain ». Ce n’était pas un spectacle, c’était un voyage, une aventure. C’était : convier les gens à marcher au rythme des animaux depuis l’autre côté des Alpes en Italie, depuis l’autre côté de la Méditerranée au Maroc. Et considérer que ces frontières ne nous séparent pas mais au contraire sont des liens qui nous rassemblent pour marcher tous ensemble vers Marseille. On est parti pendant plusieurs semaines et tout au long du voyage nous avons fait des anima-glyphes qui étaient visibles depuis le ciel. On est arrivés à Marseille et on était 400 000 personnes à marcher au rythme des animaux. C’est un moment unique, et c’est croire en des rêves de gosses. Pour moi, le Centaure, c’est un rêve de gosse. Avant même de savoir lire ou écrire, quand on me disait « qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand », je répondais « je veux être un Centaure ». J’ai tenu. Aujourd’hui, j’ai la barbe grise mais je continue à vivre ce rêve de gosse. Mais cette  chose impossible a une actualité tellement universelle. C’est quoi un Centaure ? C’est être en lien avec l’animal, avec le vivant, le non-humain, la nature. Et je crois que ce sont les enjeux majeurs de notre génération.

Dépêchez-vous, les toutes dernières places pour le spectacle « Animal » au Grand Théâtre de Provence (Aix-en-Provence) pour les 25 et 26 novembre sont disponibles ici

Un article co-écrit par Laure Cohen et Clara Sfadj.


Animal, danser avec le vivant
25 et 26 novembre 2022, Grand Théâtre de Provence

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Pour réserver : www.lestheatres.net ou par téléphone au 08 2013 2013.

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